Dans une tribune poignante transmise à Dakarzoom, Mamoudou Ba, membre de la République des Valeurs basé en France, dénonce l’arrestation d’Abdou Nguer comme une dérive grave contre la liberté d’expression. Il y voit le symptôme d’un régime de plus en plus hostile à la contradiction et à la pensée indépendante.
In extenso, la déclaration de Mamoudou BA
Il n’a jamais insulté comme d’autre le faisait. Il n’a jamais commandité des cocktails molotovs. Il n’a jamais trempé dans le populisme tapageur. Et pourtant, Abdou NGUER est derrière les barreaux. Son seul tort ? Penser autrement. Analyser et parler autrement. Dire, sans filtre ni peur, ce que beaucoup n’osent plus dire au Sénégal. Une voix libre dans un pays où la liberté d’expression agonise à petit feu.
Tous les Sénégalais le savaient : son arrestation n’était qu’une question de temps. lui ainsi que d’autres dérangent. Non pas par la vulgarité, ni par le sensationnalisme, mais par la pertinence froide de leurs analyses, leur lucidité corrosive, et surtout l’éloquence à pouvoir s’adresser à un Sénégalais lambda. Dans un climat politique dominé par le conformisme , la servilité la volonté manifeste d’instaurer une pensée unique et une dictature rampante , il faisait tache. Il fallait l’arrêter.
Alors on l’a accusé. Pour un fait qu’il n’a commis. Une publication sur un compte dont il n’est pas l’auteur, dont il ignore l’existence, et qui, ironie tragique, a depuis livré le véritable responsable – lequel a confessé n’avoir jamais rencontré NGUER. Peu importe. La machine judiciaire, aux ordres, a tranché : mandat de dépôt. Dossier vide. Justification absente. C’est l’exécution pure et simple d’une commande politique.
Bienvenue dans la nouvelle ère du Sénégal, où la justice ne poursuit plus les criminels et les délinquants, mais les mal-pensants. Où les tribunaux tournent à plein régime pour étouffer les voix dissidentes, pendant que l’économie patine, que les entreprises suffoquent et que l’université agonise sous près d’un an de retard accumulé et une jeunesse qui reprend les pirogues.
Abdou NGUER, tailleur de formation, sans diplôme universitaire, sans soutien institutionnel, sans réseau d’influence puissant , a réussi avec les députés comme Thierno Alassane Sall à faire trembler tout un régime avec tact et finesse. Une gifle pour ceux qui, armés de 4000 cadres, de millions en budget, et d’une machine politique surpuissante, se disent porteurs de rupture et de projet utopique.
La vérité est que ce pouvoir ne supporte pas la contradiction. Il ne supporte pas qu’un homme, seul et libre, puisse faire vaciller le narratif officiel. Alors on le fait taire. Mais en emprisonnant Abdou NGUER, ce n’est pas lui qu’on enferme. C’est l’idée même de liberté. C’est le droit fondamental de penser, d’écrire, de parler sans craindre la prison.
Et cela, aucun pouvoir n’en sort indemne. Car on peut bâillonner un homme. On ne bâillonne pas une conscience.
Mamoudou BA
RV / France