Dans cette tribune sur l’affaire Simon Faye, le journaliste Pape Makhtar Diallo rappelle que l’assainissement de l’espace public est une priorité nationale. Mais il alerte sur les dérives possibles d’une telle démarche lorsqu’elle est guidée par l’émotion ou mal encadrée. Il plaide pour une justice rigoureuse, impartiale et dénuée d’arrière-pensées politiques, dans un contexte où chaque convocation judiciaire est perçue comme une manœuvre.
Affaire Simon Faye : Assainir, oui. Mais sans émotions ni erreurs de ciblage
Je suis entièrement favorable à l’assainissement de l’espace public. C’est une exigence nationale, une attente populaire, et un signal fort attendu d’un pouvoir qui se réclame de la rupture. Mais pour que cette démarche reste crédible et efficace, elle doit s’appuyer sur la rigueur, la mesure et une réelle intelligence stratégique.
Dans l’imaginaire de l’opposition — ou du moins d’une partie de celle-ci —, chaque convocation judiciaire est immédiatement perçue comme une manœuvre politique, avec la main de Sonko derrière. Dès qu’une personnalité est visée, certains y voient une instrumentalisation, un règlement de comptes, ou une tentative d’intimidation. Ce raccourci peut sembler injuste, mais il prospère d’autant plus qu’il trouve un écho dans certaines maladresses du système.
C’est pourquoi il est essentiel, surtout lorsqu’il s’agit de figures publiques, d’agir avec prudence et sur la base d’éléments solides. Convoquer sans fondement sérieux, puis relâcher faute de charges, revient à offrir une victoire symbolique aux détracteurs du régime, tout en fragilisant sa crédibilité.
L’émotion, en politique, est un piège. Elle brouille le jugement, pousse à l’erreur, et donne une visibilité excessive à des individus sans consistance. Il ne faut pas faire de publicité à ceux qui n’existent pas politiquement.
Combien sont-ils aujourd’hui à avoir été convoqués puis libérés sans suite ? Et combien se pavanent désormais en prétendant avoir “tenu tête à Sonko”, alors qu’ils ne sont que des figurants dans un théâtre politique qu’ils exploitent pour exister ? Madiambal Diagne, Adama, et d’autres que je ne citerai pas, ont bâti leur légende sur des convocations sans lendemain.
Assainir, oui. Mais avec méthode, discernement, et surtout sans se laisser guider par l’émotion.
PS : Je connais personnellement Simon Faye. C’est un professionnel rigoureux et responsable. Je serais surpris qu’il soit mêlé à une quelconque opération de désinformation. Mais attendons les faits, en gardant la tête froide.