L’histoire du Parlement sénégalais, de l’indépendance en 1960 à nos jours, s’inscrit dans le cadre de l’évolution politique du pays. Elle reflète les transformations institutionnelles et politiques du Sénégal, tout en témoignant de la consolidation démocratique.
- Les Premiers Jours (1960-1970)
Après son indépendance le 4 avril 1960, le Sénégal adopte un régime parlementaire avec Léopold Sédar Senghor comme premier président et Mamadou Dia comme Premier ministre. Le Parlement sénégalais était alors monocaméral, constitué de l’Assemblée nationale, élue au suffrage universel.
En 1962, une crise majeure éclate entre Senghor et Mamadou Dia, le Premier ministre. Dia est accusé de tentative de coup d’État et est arrêté après un vote de l’Assemblée nationale. Cette crise conduit à une révision de la Constitution en 1963, supprimant le poste de Premier ministre et instaurant un régime présidentiel.
- L’Époque du Parti Unique (1970-1980)
Durant les années 1960 et 1970, le Parti Socialiste (PS), dirigé par Senghor, domine la scène politique. Le Parlement est largement contrôlé par ce parti. En 1966, le Sénégal devient un État de parti unique de facto, bien que des partis d’opposition existent, mais sans réel poids politique.
En 1970, une nouvelle Constitution est adoptée, rétablissant la fonction de Premier ministre tout en maintenant la prééminence du président. Senghor continue à renforcer son contrôle sur les institutions, notamment l’Assemblée nationale, qui reste un outil de légitimation de son pouvoir.
- L’Ouverture au Pluralisme et la Transition (1980-1990)
Léopold Sédar Senghor démissionne volontairement de la présidence en 1980, cédant sa place à Abdou Diouf, alors Premier ministre. Diouf poursuit les réformes politiques et introduit le multipartisme limité en 1981. Cela permet à d’autres partis politiques de participer à la vie parlementaire, bien que le Parti Socialiste conserve une domination écrasante sur l’Assemblée nationale.
Pendant les années 1980, plusieurs tentatives d’ouverture démocratique sont faites, et l’opposition commence à avoir une certaine représentation dans les instances parlementaires.
- Le Passage au Multipartisme Intégral et l’Alternance (1990-2000)
La véritable ouverture démocratique intervient dans les années 1990 avec l’instauration du multipartisme intégral, qui permet à tous les partis politiques de concourir librement aux élections.
En 1993, après des élections controversées marquées par des tensions politiques et sociales, l’opposition fait une entrée plus significative au Parlement. Cependant, le Parti Socialiste conserve une majorité dominante.
En 2000, le Sénégal vit sa première alternance démocratique. Abdoulaye Wade, leader du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), remporte l’élection présidentielle, mettant fin à 40 ans de règne socialiste. Cette alternance marque une étape cruciale dans la démocratisation du Sénégal. Le Parlement devient alors un lieu plus pluraliste, avec une plus grande représentation de l’opposition.
- La Réforme Constitutionnelle et la Bipartition Parlementaire (2001-2010)
Sous le régime de Wade, la Constitution sénégalaise est révisée à plusieurs reprises. En 2001, une nouvelle Constitution est adoptée, instaurant un parlement bicaméral. L’Assemblée nationale est accompagnée d’un Sénat, principalement consultatif. Cette réforme est vue par certains comme un moyen de renforcer le pouvoir exécutif, tandis que le Parlement reste un lieu d’intenses débats politiques.
Le Sénat, supprimé en 2001, est rétabli en 2007, mais il est critiqué pour son coût et son utilité, étant donné qu’il est perçu comme un instrument de contrôle du président sur le pouvoir législatif.
- L’Ère Macky Sall et les Réformes (2012 à nos jours)
En 2012, Macky Sall remporte la présidentielle contre Wade, amorçant une nouvelle alternance politique. Dès son arrivée au pouvoir, Sall entreprend plusieurs réformes institutionnelles, dont la suppression du Sénat en 2012 pour des raisons économiques, rendant le Parlement à nouveau monocaméral.
Macky Sall réduit également le mandat présidentiel de 7 à 5 ans par un référendum constitutionnel en 2016. L’Assemblée nationale continue d’évoluer avec des débats intenses sur des questions sociales, économiques et politiques.
- Le Parlement Contemporain
Aujourd’hui, le Parlement sénégalais est composé d’une Assemblée nationale de 165 députés, élus pour un mandat de 5 ans. Le système électoral est mixte, combinant un scrutin majoritaire et un scrutin proportionnel, permettant ainsi une meilleure représentation des partis politiques.
Le Parlement sénégalais est devenu une véritable arène de confrontation politique, avec une opposition de plus en plus affirmée et une société civile active. Les dernières élections législatives en 2022 ont vu une montée de l’opposition, réduisant la majorité de la coalition au pouvoir, ce qui reflète la vitalité et la complexité de la démocratie sénégalaise tout espérant que cette dynamique va continuer avec cette prochaine législature.
Mamoudou BA
Coalition Sénégal Kese !