La population s’appauvrit donc, dans une commune qui est l’une des rares du Sénégal, peut-être la seule, à ne disposer d’aucun établissement d’enseignement secondaire publique, lycée ou collège. Après la fin de leurs études élémentaires, les enfants de la commune doivent aller étudier à Ouakam, à Yoff voire plus loin dans les lycées Ngalandou Diouf et Thierno Seydou Nourrou Tall. Le coût du transport des enfants vient éprouver encore plus les personnes appauvries par la raréfaction des ressources halieutiques.
La déscolarisation des enfants issues des familles les plus démunies hantent le sommeil des autorités municipales et du mouvement associatif du village. La construction d’un lycée et d’un collège devient un impératif pour la commune.
Le terrain convoité par la gendarmerie constitue la seule réserve foncière suffisamment grande pour accueillir un lycée et un collège. L’Etat tient à y ériger une brigade de gendarmerie et proposerait deux terrains non jumelés de 2000 mètres carrés chacun dans le site de l’ancien aéroport de Yoff pour construire le lycée. En plus d’être éloignés du village traditionnel, ces deux terrains non jumelés ne sont pas adaptés pour construire un lycée.
Le bon sens voudrait donc que la brigade de gendarmerie soit érigée sur le site de l’ancien aéroport et que le terrain objet du présent conflit soit réservé au lycée. Pour combattre efficacement la criminalité, il faut s’attaquer à ses causes que sont la pauvreté, le chômage et le sous-emploi des jeunes, non pas seulement à ses effets. L’éducation et la formation constituent les moyens les plus efficaces pour lutter contre les causes profondes de la criminalité.
Dans les pays où l’éducation et la formation sont privilégiées et accessibles à tous, la criminalité est très faible et les autorités ferment des prisons et affectent leurs locaux aux infrastructures sociales. Mais le bon sens est la chose la moins bien partagée dans le Sénégal d’aujourd’hui.
En outre, les autorités ne semblent concevoir le dialogue qu’avec les partis politiques. Avec les citoyens et les communautés, la répression semble être l’option privilégiée. « Force doit rester à la loi », répète-t-on à tout vent. Mais dans un Etat démocratique, la loi doit être appliquée de façon intelligente, pour le bien de la population.
Une amorce de dialogue a eu lieu, avec cette audience accordée par le Président Macky Sall aux autorités municipales et coutumières à l’issue de laquelle il a décidé de couper la poire en deux en affectant une moitié du terrain à la gendarmerie et d’autre moitié à la commune. Cette solution à le défaut de ne pas régler le problème que constitue un besoin urgent d’un lycée et d’un collège de proximité pour les enfants du village.
La bonne solution reste à notre avis et pour la jeunesse Ngoroise la construction d’un lycée sur ce site et l’érection de la brigade de gendarmerie sur les terrains situés dans l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor. Le haut commandement de la gendarmerie nationale devrait agréer cette solution qui préserve les intérêts des populations de Ngor et favorise une bonne cohabitation entre la population et la future brigade.
Plusieurs personnes ont été également blessées lors des affrontements et une dizaine de personnes interpellées ont été placées sous mandat de dépôt selon un avocat. Une enquête doit être ouverte pour faire la lumière sur ces actes de violence et traduire leurs auteurs en justice dans le cadre d’un procès équitable.
L’impunité pour les actes de violence commis lors des manifestations doit cesser. L’impunité nourrit la violence et favorise la défiance des citoyens à l’égard des forces de sécurité. Elle érode la confiance en la justice. Elle met en danger la stabilité du pays.