Sur sa page Facebook, Babacar Gaye, ancien ministre et homme politique sénégalais, a partagé un extrait saisissant du livre “Wade, mille et une vies” de Madiambal Diagne, en déclarant :
« Si Sonko eût été un disciple de Me Wade, la situation financière du Sénégal aurait changé. »
Une phrase lourde de sens, qui semble pointer du doigt les sorties médiatiques du Premier ministre Ousmane Sonko, accusé par certains de contribuer à la morosité économique actuelle à travers des discours alarmants ou trop critiques vis-à-vis de la situation du pays.
Wade, stratège du discours économique
Dans l’extrait du livre, l’ancien président Abdoulaye Wade fait preuve d’un réalisme politique doublé d’un sens aigu de la communication économique. Il confie à ses proches que, malgré l’état catastrophique dans lequel il a trouvé le pays en 2000, il a préféré « présenter les choses de la manière la plus belle », afin de rassurer les bailleurs de fonds et attirer des financements.
« Quand on a le destin d’un pays pauvre entre ses mains, on ne doit pas dire que son pays est pauvre. »
« C’est à toi, dirigeant, de valoriser ton pays. »
Ce positionnement, presque stratégique, montre un choix assumé de communication positive pour mobiliser la confiance des partenaires, des investisseurs et des institutions internationales.
Une leçon implicite à Sonko ?
Babacar Gaye semble donc dire que Sonko aurait dû s’inspirer de la méthode Wade. Car à l’inverse, le leader de Pastef — qui a longtemps dénoncé les dérives économiques et la mauvaise gouvernance de ses prédécesseurs — pourrait avoir, selon ses détracteurs, refroidi les ardeurs de certains investisseurs, inquiets de l’image instable que renverrait le pays.
En paraphrasant Pascal, Gaye conclut son post par cette citation évocatrice :
« Si Sonko eût été un disciple de Me Wade, la situation financière du Sénégal aurait changé. »
Valoriser ou dénoncer : deux visions du leadership
Cette sortie ravive un débat fondamental :
Faut-il dire la vérité au risque d’effrayer les investisseurs, ou embellir la réalité pour bâtir la confiance ?
Wade et Sonko incarnent deux approches très différentes du pouvoir. À chacun son époque. Mais les résultats, eux, parlent toujours à long terme.