Parmi les universitaires qui avaient pris position contre la loi d’amnistie en 2024, plusieurs sont aujourd’hui des figures incontournables du gouvernement dirigé par Ousmane Sonko. Ces anciens signataires, qui avaient dénoncé une loi qu’ils jugeaient dangereuse pour la paix civile, semblent aujourd’hui s’être tus face à l’abrogation partielle de cette même loi, qui fait pourtant rage dans les débats politiques actuels.
Selon le journaliste et chroniqueur politique Bachir Fofana, cette liste de signataires devenus membres du gouvernement soulève des questions sur la cohérence de leurs positions. Fofana met en lumière cette évolution et s’interroge sur le silence de ces intellectuels qui semblaient autrefois si engagés dans la défense des principes de justice et de démocratie.
Voici quelques-uns des universitaires devenus des figures du gouvernement actuel :
- Le Pr Babacar Guèye, qui a été désigné président des concertations sur la Justice. Ce poste de responsabilité au cœur des discussions sur la réforme de la justice soulève des interrogations sur sa prise de position par rapport à la loi d’amnistie et ses engagements passés.
- Le Pr Abdoulaye Bathily, nommé Envoyé spécial du président de la République. Ancien signataire de la pétition, il occupe désormais une fonction diplomatique importante, ce qui amène à se demander si ses précédentes prises de position contre le régime sont toujours d’actualité.
- Sidy Alpha Ndiaye, nommé ministre conseiller juridique du président de la République. En tant qu’ancien universitaire engagé dans la lutte contre la loi d’amnistie, sa nouvelle fonction au sein du gouvernement pourrait être perçue comme un volte-face, alors que les discussions sur la révision partielle de la loi continuent.
- Dr Ndéné Mbodji, récemment nommé directeur du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud). Sa nomination suscite également des interrogations : comment un signataire de la pétition, qui s’était opposé fermement au gouvernement précédent, peut-il aujourd’hui occuper une fonction aussi stratégique dans l’administration publique ?
- Le Pr Mamadou Diouf, qui, par ses propos sur la commémoration des 80 ans du massacre de Thiaroye, a été accusé de faire preuve de négationnisme. Ses déclarations sur un sujet aussi sensible soulèvent des questions sur ses engagements en matière de vérité historique et de justice sociale, valeurs qu’il défendait pourtant lors de son opposition à la loi d’amnistie.
Malgré les rôles prestigieux qu’ils occupent aujourd’hui, ces figures intellectuelles et politiques restent discrètes, voire absentes, lorsqu’il s’agit de prendre position sur la question de l’abrogation partielle de la loi d’amnistie. Ce silence apparent soulève des interrogations sur la cohérence entre leurs engagements passés et leur soutien tacite ou actif au gouvernement actuel.