Lors d’entretiens accordés le jeudi 28 novembre à l’Agence France-Presse (AFP) et à France 2, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a réitéré son attachement à la souveraineté de son pays. Il a souligné que cette souveraineté « ne s’accommode pas de la présence de bases militaires » sur le territoire sénégalais, bien que plusieurs centaines de soldats français soient encore stationnés dans le pays. Malgré cette prise de position ferme, le chef de l’État a tenu à rassurer qu’il ne s’agit pas d’une « rupture » avec la France, mais plutôt d’un réajustement nécessaire des relations bilatérales.
Un Sénégal Souverain et Indépendant
« Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain », a déclaré Bassirou Diomaye Faye au palais présidentiel. Élu en mars dernier, le président avait fait campagne sur la promesse de rétablir pleinement la souveraineté nationale. Cette déclaration marque donc une étape clé dans la réalisation de cet engagement.
Cependant, Bassirou Diomaye Faye a insisté sur le fait que cette démarche n’est pas une rupture brutale avec l’ancienne puissance coloniale. Au contraire, il a évoqué la nécessité d’un « partenariat rénové », débarrassé des composantes militaires mais renforcé sur d’autres aspects.
La Reconnaissance de Thiaroye : Un Pas Vers la Réconciliation
Le président sénégalais a salué l’initiative récente d’Emmanuel Macron, qui a reconnu dans une lettre officielle le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944. Lors de cet épisode tragique, des Tirailleurs sénégalais furent abattus par les forces coloniales françaises après leur retour de France. Cette reconnaissance constitue, selon Bassirou Diomaye Faye, un « grand pas » vers une réconciliation historique, renforçant la base d’un partenariat renouvelé.
Diversification des Partenaires : Une Priorité
Dans un contexte de redéfinition des alliances, Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé son ambition de diversifier les partenariats stratégiques du Sénégal. Contrairement à certains pays voisins du Sahel qui ont rompu avec la France pour se tourner vers la Russie, le Sénégal opte pour une approche équilibrée.
« La France reste un partenaire important pour le Sénégal au regard du niveau d’investissements, de la présence de sociétés françaises et même de citoyens français au Sénégal », a-t-il précisé. Cependant, il a également souligné que la coopération ne dépend pas de la présence de bases militaires, citant des exemples comme la Chine, la Turquie ou encore les États-Unis, qui entretiennent des relations solides avec le Sénégal sans présence militaire.
Une Nouvelle Doctrine de Coopération Militaire
Le président a annoncé une mise à jour imminente de la doctrine sénégalaise en matière de coopération militaire. Cette révision implique l’absence de bases militaires étrangères sur le territoire, tout en préservant des partenariats militaires adaptés aux défis sécuritaires contemporains.
« Cette actualisation impose évidemment qu’il n’y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal, mais elle impose aussi d’autres évolutions dans la coopération militaire », a précisé Bassirou Diomaye Faye.
La France Réduit sa Présence Militaire en Afrique
La France, de son côté, poursuit sa réorganisation stratégique en Afrique. Selon des sources proches de l’exécutif français, la présence militaire au Sénégal devrait être réduite à une centaine de soldats, contre 350 auparavant. Une réduction similaire est envisagée dans d’autres pays comme le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Tchad.
L’Élysée a récemment reçu un rapport de Jean-Marie Bockel, envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, recommandant un partenariat « renouvelé » et « coconstruit » avec les pays africains.
Vers une Relation Renforcée, Débarrassée du Passé Militaire
En somme, Bassirou Diomaye Faye ne tourne pas le dos à la France, mais exige une redéfinition des termes de leur partenariat. Pour le Sénégal, il s’agit de renforcer sa souveraineté tout en diversifiant ses alliances, dans le but de bâtir des relations bilatérales fondées sur le respect mutuel et des intérêts partagés.