D’antan, la société sénégalaise était si organisée et structurée que l’on savait reconnaître au premier coup d’œil les personnes qui disposaient de l’autorité intellectuelle. Et sous l’arbre à palabres, dans ce cercle éminent, ne se réunissait qu’une élite bien pensante capable de débattre avec l’esprit critique afin d’apporter des réponses aux problématiques de la société et SURTOUT à l’éducation des jeunes.

Ainsi, avec douceur et fermeté, dans le cercle familial comme dans le cercle social, ces autorités intellectuelles, coutumières et administratives, ont réussi à inculquer aux jeunes d’hier, des codes de bonne conduite et des valeurs morales et éthiques qui font le ciment de notre société sénégalaise. Malheureusement, aujourd’hui, force est de constater que ce ciment de principes et valeurs est en train de craqueler de partout. Le constat est plus qu’alarmant, il y a un dysfonctionnement notoire dans la transmission du legs éducationnel.

Et d’emblée, tout le monde sait qu’une société qui perd ses repères c’est-à-dire ses codes de bonne conduite et ses valeurs éthiques, morales et spirituelles, est une société qui va droit dans le mur. Et ce qui est en train d’arriver à la nation sénégalaise, SURTOUT à sa jeunesse d’aujourd’hui !

Alerte ! Il faut agir !

Aujourd’hui, toute cette violence, ces meurtres, ce manque de perspective sociale de la jeunesse sénégalaise, toutes ces défaillances dans la société sénégalaise, sont le résultat de la défaite de l’élite intellectuelle quant à son devoir de responsabilité de s’ériger en gardienne du legs éducationnel pour la sauvegarde de l’espace commun et de la sécurité de tous ceux qui y vivent SURTOUT LES JEUNES qui doivent s’appliquer au respect strict des règles de la cité. Cette cité bâtie avec la sueur et le sang des mères et pères fondateurs dont chacun d’eux, avec dignité et pugnacité, avait apporté sa part de “brique d’honneur” à la construction de l’édifice social sénégalais.

Et je défie quiconque parmi cette élite intellectuelle d’aujourd’hui, de venir dire qu’il s’est fait tout seul, que ce qu’il est devenu aujourd’hui n’est pas l’apport inconditionnel de ses parents et de son cercle social. Tous autant qu’ils sont, sont le fruit d’une rigoureuse éducation à laquelle chaque membre du corps d’élite d’antan se faisait l’honneur d’apporter sa part au redressement de la branche juvénile et à la sauvegarde du tissu social. Comme la maman surveillant son enfant comme le lait sur le feu de peur qu’il ne déborde, tout comme tous ces valeureux éducateurs à l’image du forgeron s’efforçant de battre le fer entre le marteau et l’enclume, sachant que c’est la condition nécessaire à l’usage qu’il voudra faire du matériau en fusion.

Car ils savaient tous que la jeunesse est comme du lait sur le fait, il faut la surveiller en permanence. Ils savaient également que la jeunesse, c’est comme un fer à battre pendant qu’il est chaud pour en donner la forme digne et utile. Une jeunesse saine est une jeunesse pétrie dans le moule des codes de bonne conduite et de valeurs morales, éthiques et spirituelles.

Aujourd’hui, la grande question est de savoir qui parmi les membres de l’élite intellectuelle n’a pas joué le devoir de transmission du legs éducationnel ? Qui a baissé la garde face à son devoir envers la jeunesse ?

Et s’il vous plaît ! Que personne ne vienne ici blâmer la jeunesse sénégalaise. Car, si d’antan, les autorités (nos arrières grands-parents) ont réussi à inculquer des valeurs éthiques, morales et spirituelles à leurs enfants qui sont nos fiers parents d’aujourd’hui, c’est parce qu’ils n’avaient jamais baissé les bras pour prendre en charge l’avenir de leurs enfants. C’est parce que également, ils savaient que la jeunesse est une éponge et qu’elle n’absorbe que ce que la société lui offre. C’est pourquoi ils étaient intransigeants dans l’éducation des jeunes d’hier.

C’est pourquoi aujourd’hui, nous avons bénéficié de ces modèles de références culturelles, religieuses, académiques, économiques et scientifiques. La liste est longue, je ne vais pas en citer des noms. Mais chacun dans son for intérieur sait qui sont ces références qui font la fierté de notre nation et notre identité sénégalaise.

Aujourd’hui quand je vois la voie qu’a empruntée une grande partie de cette jeunesse sénégalaise, c’est parce que tout simplement, ces jeunes n’ont pas eu la chance d’être guidés par des mains bienveillantes pour leur transmettre le legs éducationnel. Ils sont laissés à eux-mêmes et deviennent les proies des prédateurs de toutes sortes. Cette misère juvénile sous nos yeux, ces pupilles complètement perdues sont le fruit de nos défaillances individuelle et surtout collectives

Il faut agir ! Et au plus vite ! Il urge de réparer les fissures du legs éducationnel, de soigner les maux de cette jeunesse. Il urge de sauver cette jeunesse de l’insécurité galopante et de la manipulation de toutes sortes. Il urge de détourner le regard cette jeunesse des futilités vampirisantes qui bouffent son énergie et sa créativité. Il urge d’aider ces parents démissionnaires de l’avenir de leurs enfants à cause des vicissitudes de la vie.

Il urge de protéger les plus vulnérables. Il y’a va non seulement de l’avenir intellectuel et économique de toute une nation mais également de la sécurité de cette autre jeunesse qui a vaillamment réussi parce qu’ayant eu la chance d’avoir reçu le legs éducationnel.

Donc si vous voulons tous un lendemain meilleur pour ce Sénégal qui est antérieur et supérieur à toutes nos individualités, sachons que le devoir de transmission du legs éducationnel à cette jeune génération perdue, est NON NÉGOCIABLE. C’est une obligation pour toutes autorités intellectuelles, pour chaque adulte sénégalais.

Avec respect et considération.

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PlumeCitoyenne

Marem KANTE

Jeudi 29 août 2024