Dans un texte intitulé « Mes dix commandements » parvenu à la rédaction de Dakarzoom, l’ancien ministre sous Wade Serigne Mbacké Ndiaye liste ses attentes pour le régime de Bassirou Diomaye Faye. Le Président de la Convergence Libérale et Patriotique (CLP) qui se réclame de l’opposition constructive, a fait Dix Commandements adressés au gouvernement que le peuple sénégalais a librement choisi à l’occasion de la dernière élection présidentielle.
Voici les dix Commandements du Président de la CLP
Mes Dix Commandements
Je fais de l’opposition constructive, je m’oppose par mes propositions. C’est au nom de cet engagement que je voudrais faire très humblement, Dix Commandements adressés au gouvernement que le peuple sénégalais a librement choisi à l’occasion de la dernière élection présidentielle.
Je rappelle que pour moi, l’opposition constructive est une manière de contribuer à la construction de notre pays par des propositions loin de toute idée nihiliste.
Depuis l’avènement du Président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier Ministre Ousmane Sonko, beaucoup de sénégalais exigent le respect des engagements pris et la tenue des promesses faites avant et pendant la campagne électorale. Bien sûr, ils ont tout à fait raison, les tenants de ce discours. “La promesse est une dette”, dit l’adage. “Digé bor la”, dit Wolof Ndiaye. En ce qui me concerne, j’essaie de m’élever au-dessus de cette posture pour tenter de définir objectivement ce qui peut être fait dans l’intérêt exclusif du Sénégal. Ceci peut être parfaitement bien compris car nous disons tous que nous aimons notre pays, que nous ne sommes engagés en politique pour servir nos populations. Si cette affirmation est vraie, et je crois qu’elle l’est, nous ne devons nullement tenir compte des personnes ou des régimes mais plutôt de la patrie. Voilà pourquoi, je présente ici et maintenant Dix Commandements qui constituent mes attentes pour ce nouveau pouvoir.
- Sécurité Interne
La sécurité des citoyens et de leurs biens est de mon point de vue fondamentale. Il faudrait que le citoyen sénégalais puisse se sentir en sécurité partout et à toute heure. Pour cela, il me paraît nécessaire de faire participer l’armée à cette mission plus qu’importante. La police et la gendarmerie ont fait la preuve de leur engagement, de leur efficacité et de leur patriotisme, mais force est de reconnaître qu’elles sont en nombre insuffisant d’où la nécessité de bénéficier de l’apport de l’armée comme cela se fait en Casamance par exemple.
- Sécurité Extérieure
Le Sénégal est entouré de pays presque tous perturbés par des forces extérieures qui les déstabilisent. Il s’y ajoute que le départ de l’armée française du Mali a mis nos forces de sécurité et de défense face aux terroristes venant de l’est. Le Nord du pays n’est pas également épargné sans parler du Sud qui a certes connu une paix relative mais qui a besoin d’être consolidée. Il est donc évident que la protection et la défense de nos frontières demeurent une priorité pour le gouvernement.
- Le comportement du Sénégalais
Nous convenons tous que sur cette question précise relative à la discipline et à l’ordre nous avons beaucoup à apprendre. Les habitations se font dans un désordre indescriptible, la circulation dans nos villes est intenable, chaque sénégalais en fait à sa tête. Il est donc indispensable que l’autorité de l’Etat se fasse sentir par des sanctions positives mais également négatives. L’Etat doit faire preuve de fermeté tout en sauvegardant les intérêts des sénégalais et des sénégalaises.
- Choix des Directeurs Généraux et Nationaux
J’ai toujours défendu l’idée selon laquelle les Directeurs Généraux et Nationaux doivent être choisis suite à un appel à candidature. Cette idée a été reprise et défendue par le nouveau pouvoir qui se doit de l’appliquer. Mais, à mon humble avis, il faut un préalable pour parvenir à cette application. Ce préalable c’est de faire prendre les textes afférents à cette volonté politique. Il faut mettre sur pied une commission chargée de conduire cette opération de sélection des postulants. Cette commission peut être composée, au moins, de l’Inspection Générale d’Etat, de la Cour des Comptes, de l’Assemblée Nationale, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales, du Conseil Economique Social et Environnemental, de l’Ordre des Avocats, des Notaires, de la Presse, de la Société Civile. Ce n’est qu’après l’adoption de ces textes que les Directeurs pourront être choisis suivant un appel à candidature ce qui serait une avancée réelle dans la perspective d’une bonne gouvernance.
Nous aurons ainsi un pays où les tâches seront bien réparties : Les Ministres bénéficiant de la confiance du Président seront au gouvernement, les Députés choisis par le peuple à l’Assemblée et les sénégalais les plus compétents à la tête des Directions. Cette mesure permettrait de dépolitiser totalement et entièrement l’administration sénégalaise.
- Rationaliser les partis politiques
Le but de tout parti est de conquérir et d’exercer le pouvoir. Comment peut-on dès lors comprendre que des partis ne participent jamais à une élection ? Il faut y mettre un terme. Pour cela, il faudrait :
- Interdire toute coalition de partis ou de mouvements à l’occasion des élections législatives. Tout parti qui ne participe pas aux prochaines élections législatives serait dissous.
- Tout parti ayant participé et qui n’obtient pas un siège au moins serait dissout.
- A partir de ce moment, l’Etat financerait les partis restants.
- Réformer le système électoral
Un Député élu sur la liste nationale manque de légitimité. Il faudrait dès lors que tous les Députés soient élus à la base, à partir d’un scrutin uninominal à deux tours. Et si par extraordinaire, l’Etat et les partis politiques veulent maintenir le scrutin mixte actuel, c’est-à dire une partie des députés élus sur la liste nationale et une autre partie élue sur la liste départementale, il faudrait l’améliorer en créant autant de Députés à la base que de circonscriptions électorales. Pour illustrer ce propos, je donne l’exemple de Dakar qui doit élire sept députés. Il faudrait dès lors découper le département en sept (7) circonscriptions électorales. Ceci ne serait que justice et équité : le Maire est élu au suffrage universel direct, le Président de la République également, pourquoi donner aux députés l’opportunité d’être élu à partir d’une liste départementale ?
- Révision de la Constitution
Dans le même ordre d’idées, il faudrait réviser la Constitution et supprimer la disposition selon laquelle, le Président de la République ne peut exercer que deux mandats consécutifs. Le peuple est souverain. Il doit avoir la latitude d’élire qui il veut et autant de fois qu’il le voudra. Les occidentaux qui nous l’ont imposé n’ont pas les mêmes réalités que nous. On ne juge pas le bilan d’un Président élu en occident à partir des infrastructures construites, de l’adduction d’eau, de l’électrification parce qu’il dirige un pays déjà construit alors que chez nous tout est à faire.
- Achèvement des chantiers du PSE
Le PSE est un patrimoine national. Même si l’idée vient du Président Macky Sall, il a été élaboré par des cadres sénégalais qui ont été payés par l’argent du contribuable sénégalais. Il nous appartient donc à nous tous. Tous les projets qui le composent ont été discutés et validés avec nos partenaires au développement jusqu’en 2035. Les financements ont été obtenus, certains déjà réalisés etc. Au nom de la continuité de l’Etat, il faudrait en toute lucidité et en toute honnêteté poursuivre ce travail comme le fit le Président Abdoulaye Wade quand il a succédé au Président Abdou Diouf, et le Président Macky Sall qui a pris le pouvoir des mains du Président Wade.
- La question des Nationalités
Il n’est pas normal qu’un guinéen, malien, mauritanien dont les parents sont établis au Sénégal depuis des décennies, leur parent ou même grand parent nés au Sénégal ne puisse pas bénéficier de la Nationalité Sénégalaise. Ce que nous exigeons de la France ou des Etats Unis, nous le refusons à des africains comme nous. Il est urgent que cette question soit réglée. Je ne me gêne pas de dire que je suis plus africain que sénégalais. Ce n’est pas parce que je suis descendant de Alboury Ndiaye tombé à Dosso au Niger pour défendre l’Afrique contre le colonisateur que je le dis, mais c’est une conviction forte soutenue par une réalité politique et économique.
- Jeter les bases d’un Etat sous régional.
La Gambie, les deux Guinées, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal doivent tendre vers la création d’un Etat sous régional. Est-ce que vous imaginez ce que serait cet Etat avec toutes les ressources minières, pétrolières, gazières, l’or, le fer, la bauxite, l’eau etc. qu’il renferme ! Il serait plus puissant que ces pays occidentaux. Bien sûr que ce ne sera pas facile car au-delà de l’égoïsme des hommes politiques que nous sommes, les ennemis de l’Afrique qui ont assassiné Kwamé Kruma, Thomas Sankara, Momar El Khadafi, Patrice Lumumba, sont toujours là et n’hésiteront pas à nous combattre. Mais nous avons décidé de nous consacrer à la lutte pour la défense de l’Afrique au prix de notre vie.
Je demande donc au pouvoir actuel de poser ce débat d’autant plus que ceux qui sont aujourd’hui à la tête de ses Etats sont d’une même génération.
Vous constatez dès lors que je n’attends pas de ce gouvernement la diminution du prix des denrées de première nécessité ni la résolution de la question du chômage des jeunes car par expérience et par expertise je suis convaincu que pour l’heure ceci est impossible, du moins, pas au niveau attendu par les sénégalais.
Si ces Dix Commandements sont appliqués et réussis, le Gouvernement actuel aura accompli sa mission. Telles sont mes attentes.
Serigne Mbacké Ndiaye
Président de la Convergence Libérale et Patriotique (CLP)